Élève 1 :
Haaa, chu tannée!!!
Élève 2 :
Hé, on a quasiment fini là…
Élève 1 :
Ben j’te dis chu tannée là…
Enseignante :
Fatiguée? Besoin d’une petite pause, Debbie?
Élève 1 :
Non, chu pas fatiguée là. Fatiguée pis tannée, c’pas la même affaire.
Enseignante :
T’as ben raison. Tu pourrais m’dire « j’suis épuisée », mais c’est beaucoup plus clair quand on dit « chu tanné ». Moi aussi des fois « chu ben tannée ».
Enseignante :
Pourquoi on a des expressions comme ça dans la langue française?
Élève 3 :
Ben ça aurait l’air niaiseux d’dire « je suis épuizzzée ».
Enseignante :
Pour certaines régions de la francophonie, ce serait pas « niaiseux », mais toi dans ton milieu, avec des gens qui t’connaissent et qui t’comprennent, ben c’est pas niaiseux de dire « chu tannée ».
Élève 4 :
Ça s’écrit-tu?
Élève 2 :
Ça s’écrit comme ça se dit.
Élève 2 :
« C H U T A N N É » On va-tu voir si y’a des résultats sur l’Internet? Woh… 237 000 résultats!
Enseignante :
Vous êtes surpris?
Élève 1 :
Je sais que c’pas d’même que ça s’écrit comme il faut.
Enseignante :
Mais tu l’as trouvé dans 237 000 documents en ligne! On doit pas être les seuls au monde à dire ça, hein?
Élève 3 :
Ben moi j’pense c’est juste les Acadiens.
Élève 4 :
Non, au Québec aussi.
Enseignante :
Alors ça doit faire partie de la langue, mais laquelle?
Élève 1 :
La langue de tous les jours.
Élève 2 :
La langue populaire, tu veux dire?
Enseignante :
On utilise ça dans quel contexte? Dans tous les contextes?
Élève 3 :
Entre nous autres...
Élève 1 :
À la maison…
Élève 2 :
Ou quand c’qu’on socialise, comme nous autres.
Élève 1 :
Ouais, mais pour réussir, faut-tu qu’on save le français pincé, comme parfait ou...?
Enseignante :
Ça dépend c’que tu veux dire par réussir…Deux des auteurs les plus connus dans l’Canada français comme Antonine Maillet en Acadie, et Michel Tremblay au Québec, ils ont été les premiers à écrire la langue des gens de chez eux. Ils ont donné une place à la littérature française de leur milieu.
Élève 3:
Comme la Sagouine.
Élève 2 :
Ah pis bien sûr…
Enseignante :
Les groupes qui sont en train d’préparer les bandes dessinées, ça vous tenterait pas d’avoir un personnage qui utiliserait la langue parlée?
Élève 5 :
Ouais, on pourrait avoir un personnage qui s’appelle Debbie pis qui est toujours tannée… À dirait tout le temps « chu tannée »…
FIN