ACTUELISATION
Le concept en bref
L’actuelisation, un des quatre concepts de la Pédagogie à l’école de langue française (PELF), se décrit comme suit :
Les élèves et le personnel enseignant enrichissent leur bagage linguistique et culturel par une exploration commune de la francophonie dans une perspective contemporaine et actuelle.
1Une modernité qui s’impose
Il est facile de constater que les phénomènes tels l’évolution technologique, les médias sociaux et la mondialisation renforcent l’importance du moment présent chez les élèves et le personnel enseignant. Il n’y a plus de frontières et tout évolue à un rythme accéléré. Au plan mondial, l’anglais occupe une place prépondérante dans ces phénomènes. Et au Canada, l’anglais demeure une source d’attraction incontestable pour les francophones.
Une étude sur le discours du personnel enseignant (Gérin-Lajoie, D., 2010) a conclu que les écoles de langue française en contexte minoritaire sont encore nombreuses à véhiculer une idée « folklorique » de la culture. Pourtant, la francophonie canadienne actuelle compte de nombreux modèles audacieux, créatifs et inspirants, et il existe des ressources qui en témoignent. L’actuelisation invite le personnel enseignant à s’inspirer tant de ces ressources que de la perspective des jeunes pour amorcer un dialogue moderne et constructif.
Dans les circonstances, comment l’école en contexte francophone minoritaire qui mise sur le développement de l’individu, mais aussi sur l’épanouissement de la francophonie, peut-elle se positionner?
Sonnie Leone-Schltz (C.-B.) décrit sa réalité à la maison et à l’école.
À voir aussi
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René O’Reilly (T.N.-O.) décrit la réalité de bien des jeunes d’aujourd’hui.
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Marianne Cormier (N.-B.) explique que l’attraction pour l’anglais contribue à l’ambivalence identitaire des jeunes.
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Martin Deschesnes (T.N.-O.) donne un exemple d’initiative à la portée de tous.
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Hélène Léone (C.-B.) parle du rôle des adultes quant aux habitudes des élèves, entre autres, dans les médias sociaux.
2La PELF et ses alliés naturels
L’actuelisation rejoint les deux premiers principes de l’ACELF en ce qui a trait aux interventions pour le développement de l’identité :
- - s’inscrire dans la francophonie contemporaine;
- - miser sur la créativité et l’innovation.
Elle s’appuie aussi sur l’un des principes de l’Approche culturelle de l’enseignement :
- - L’héritage culturel est à revisiter avec le regard du présent et la perspective de l’avenir.
Effectivement, la créativité et l’innovation, deux éléments habituellement bien accueillis dans les milieux scolaires, ne sont pas à négliger dans toute la question du développement identitaire et communautaire en contexte francophone minoritaire.
Marianne Cormier (N.-B.) souhaite aux élèves un rapport positif et stimulant à la langue française.
À voir aussi
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Réal Allard (N.-B.) propose d’initier le dialogue par des questions qui touchent les jeunes.
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Jules Rocque (Manitoba) explique l’importance de faire découvrir la pertinence de la langue française aux jeunes.
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Marianne Cormier (N.-B.) explique comment, par exemple avec les produits artistiques, l’école peut inciter à la créativité et à l’innovation.
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Christine Dallaire (Ontario) cite le parascolaire comme une occasion pour les jeunes de reconstruire leur identité chaque jour.
3Famille et communauté
Lorsque l’école veut rencontrer les élèves dans leur réalité actuelle pour les amener à faire une place au français dans leur vie, elle compte sur son lien avec la famille et la communauté.
La recherche (Landry, R., Allard, R. et Deveau, K., 2010) insiste effectivement sur la complémentarité entre l’école, la famille et la communauté en ce qui a trait au développement linguistique et culturel des élèves et à l’épanouissement de leur communauté.
Manon (N.-B.) décrit sa situation familiale et la ténacité de sa mère.
À voir aussi
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Nathalie Bélanger (Ontario) propose de valoriser la diversité des familles à l’école.
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Richard Vaillancourt (Alberta) souligne l’impact des parents dans le développement identitaire des enfants.
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Diane Gérin-Lajoie (Ontario) souligne l’impact de la réalité que les jeunes vivent à l’extérieur de l’école sur leur bien-être et leurs apprentissages.
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Élisa Cohen (Ontario) explique que la diversité culturelle fait partie de son quotidien.
4Les référents culturels
L’Approche culturelle de l’enseignement propose au personnel enseignant de s’inspirer davantage des référents culturels qui ont marqué la francophonie canadienne et internationale et de revisiter l’héritage culturel avec le regard du présent et une perspective d’avenir.
L’actuelisation propose de profiter de l’actualité et du rayonnement international de la langue française pour faire des ponts avec les apprentissages importants à réaliser, qu’ils soient reliés au passé, au présent ou au futur. En effet, l’école ne saurait se limiter à ce qui se passe dans l’actualité, mais ne peut perdre de vue que la perspective des jeunes est fixée dans la réalité immédiate et que tout sujet discuté qui passe par ce filtre favorise un dialogue fructueux. En d'autres mots, aucun référent culturel, si ancien soit-il, n’est hors de portée des élèves si on l’aborde avec une perspective actuelle et moderne.
Sylvie Lamoureux (Ontario) discute de l’importance de découvrir les référents culturels des élèves.
À voir aussi
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Sylvie Lamoureux (Ontario) incite le personnel enseignant à élargir le bagage de référents culturels des élèves.
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Selon Éric Dubeau (Ontario), les référents culturels comme les arts nourrissent le développement identitaire individuel et collectif des jeunes.
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Pour Jules Rocque (Manitoba), valoriser les référents culturels des élèves, c’est valoriser leur famille et leur identité.
5Du déjà-là aux ambitions
L’actuelisation commence par la prise en compte du bagage linguistique et culturel individuel des élèves et du personnel enseignant. L’école qui tient compte du déjà-là (Boudreau, A. et Dubois, L., 2008) de l’élève et du personnel enseignant les aide à se réaliser. À ce chapitre, la PELF propose d’aborder à l’école la question des variétés linguistiques variétés linguistiques (Dalley, P., 2008) et culturelles de la langue française de façon rassurante, contemporaine et stimulante.
Somme toute, la PELF préconise la modernité et l’actualité comme toile de fond à l’enseignement pour développer l’identité francophone et pour contribuer à l’épanouissement d’une communauté dynamique susceptible d’inspirer les élèves et de nourrir leurs ambitions.
Nathalie Bélanger (Ontario) propose que l’école de langue française soit un modèle d’ouverture à la diversité.
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Sylvie Lamoureux (Ontario) rappelle que travailler avec la réalité des jeunes, c’est aussi les amener à reconnaitre leurs identités multiples.
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Christine Dallaire (Ontario) explique que l’identité se construit tous les jours par nos actions et nos choix.
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Phyllis Dalley (Ontario) rapporte les perceptions de certains jeunes sur leur réalité en tant que francophones.
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Aja Bestler (Ontario) présente la perspective qu’elle a de son identité.
Des exemples en classe
Un premier « moment pédagogique » qui illustre l’actuelisation en classe.
Se repenser comme communauté d'accueil
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Une « espèce » à protéger
Les élèves sont sensibles à l’environnement et à la richesse de la diversité animale et végétale. L’enseignante profite de cet intérêt pour faire une analogie avec la menace qui plane sur certaines langues minoritaires.
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Identité numérique francophone
À partir du moment où on inscrit son nom dans le cyberespace, on laisse des traces. L'enseignante amène les élèves à réfléchir à leur identité numérique et à la place qu'y occupe le français.
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Réinventer l'histoire
L'histoire de la francophonie canadienne est marquée par des moments sombres que les élèves qualifient de négatifs. L'enseignante propose aux élèves de réécrire l'histoire en rayant ces évènements « noirs » et en appliquant une pensée critique pour mieux voir les « deux côtés de la médaille ».
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Critères pour la musique
La musique de langue française n'est pas toujours populaire auprès des jeunes. Un enseignant profite de l'attrait de la musique anglaise chez les jeunes pour faire apprécier les différents aspects de la musique en français.
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Des vieux mots qui ont voyagé
Pendant une activité sur le vocabulaire et les expressions, une question amène le groupe à réfléchir à la façon dont le vocabulaire voyage et évolue.
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Chacun son accent
Un échange par visioconférence entre deux classes de régions différentes amène une discussion sur le milieu et son influence sur les accents.
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Une bibliothèque qui leur plaît
S'il est un service proche des élèves qui offre plusieurs possibilités, c'est la bibliothèque de l'école. Le but du moment pédagogique est d'amener les élèves à se voir comme les bénéficiaires d'un service et à prendre conscience de leur rôle à ce titre.
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L’ambiance française de l’école
Selon la recherche, l’ambiance des écoles de langue française tend de plus en plus vers l’anglais à mesure que les élèves grandissent. L’enseignante discute de cette réalité avec ses élèves et les amène à explorer les raisons pour lesquelles leurs parents ont choisi l’école de langue française.